En France, la commission d’enquête recommande un « couvre-feu numérique » pour protéger les mineurs face à TikTok

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Une proposition de restriction d’accès aux réseaux sociaux pour les jeunes

Selon la commission d’enquête parlementaire, instaurer une interdiction d’utilisation des plateformes telles que TikTok de 22h à 8h du matin pourrait envoyer un message clair aux enfants et à leurs parents. La députée Laure Miller, proche du gouvernement, souligne que cette mesure viserait à rappeler que l’usage des réseaux sociaux n’est pas anodin, notamment pour les adolescents de moins de 15 ans, et s’inscrit dans une démarche de vigilance recommandée par l’exécutif.

Un rapport de 43 recommandations pour encadrer l’utilisation des réseaux sociaux

Le rapport, fruit de cette enquête, propose au total quarante-trois mesures visant à mieux protéger les jeunes. Parmi celles-ci, figure l’introduction d’une interdiction temporaire d’accès aux réseaux sociaux pour la tranche d’âge 15-18 ans, de 22h à 8h. La rapporteure Laure Miller évoque un « signal fort destiné aux familles », tout en mettant en garde contre les risques de dépendance et d’algorithmes pouvant piéger les utilisateurs, notamment sur TikTok qui serait accusé de limiter le discernement des adolescents dans certains cas.

Une plainte en lien avec la détresse des jeunes

Ce dispositif de contrôle renforcé fait suite à une plainte d’un collectif de parents, fin 2024, dénonçant l’impact négatif de la plateforme chinoise sur la santé mentale de leurs enfants, parfois jusqu’à des situations extrêmes, telles que le suicide. Les auditions ont révélé la présence de contenus liés à l’automutilation et aux troubles du comportement alimentaire, alimentant la polémique autour des effets nocifs possibles de TikTok.

Les critiques de la plateforme et la mise en cause de ses algorithmes

La députée Laure Miller qualifie TikTok de « roulette russe » pour les adolescents, soulignant qu’« à certains moments, l’application peut renforcer un cercle vicieux algorithmique » lorsque l’utilisateur est vulnérable. Elle explique que l’algorithme privilégie les contenus qui retiennent l’attention, au détriment de ceux appréciés, ce qui pourrait exposer certains jeunes à des images choquantes sans qu’ils en aient explicitement conscience.

Faits et actions juridiques en réponse aux préoccupations

Le président de la commission, Arthur Delaporte (Parti socialiste), a annoncé avoir déposé une plainte pour « mise en danger de la vie » des utilisateurs de TikTok et fait état de possibles défaillances dans la gestion de la plateforme. Il charge aussi ses dirigeants de répondre de leur responsabilité face aux dérives constatées, estimant que la société aurait connaissance des risques encourus par les jeunes usagers.

Les limites de la modération et la critique du modèle économique

La commission appelle également à une campagne nationale de prévention pour sensibiliser les jeunes et leurs familles, et évoque la possibilité d’instaurer un « délit de négligence numérique » à l’encontre des parents jugés non responsables. La plateforme TikTok, détenue par ByteDance en Chine, est aussi critiquée pour la réduction des équipes de modération francophone, la tentation d’addiction avec l’onglet « Pour toi » ou encore la mise en place de fonctions telles que les directs rémunérés, qui suscitent des interrogations.

La position de TikTok face aux accusations

De son côté, TikTok insiste sur le fait que la sécurité des jeunes demeure une de ses priorités. La société affirme avoir supprimé de manière proactive 98 % des contenus problématiques en France l’an dernier. Elle a également rejeté catégoriquement les conclusions de ce rapport, dénonçant une volonté de faire de leur plateforme un « bouc émissaire » face à des enjeux impliquant tout le secteur numérique et la société dans son ensemble, selon un porte-parole contacté par l’AFP.