Débat sur la suppression de la valeur locative en Suisse : quel impact sur les générations ?
Contexte de la réforme de la valeur locative en Suisse
En Suisse, le système fiscal impose aux propriétaires de logements de s’acquitter d’un impôt basé sur la valeur locative de leur bien immobilier. L’initiative de supprimer cette valuation est actuellement à l’ordre du jour, avec le Parlement et le Conseil fédéral qui envisagent son abolition, tandis que la gauche s’y oppose fermement et que les partis de droite présentent des positions divergentes.
Les enjeux financiers et le clivage partisan
La principale source de tension réside dans les implications fiscales de cette réforme. Si la majorité de la droite est divisée, ce n’est pas tant sur le principe de supprimer un impôt sur la propriété, mais plutôt sur la question de ses compensations et des déductions fiscales susceptibles d’être affectées. Philippe Nantermod, député PLR, a souligné jeudi matin que « la suppression totale de la valeur locative a été rejetée pour des raisons de recettes fiscales ». Il indique néanmoins qu’il pourrait soutenir sa suppression partielle ou une réduction substantielle, sous certaines conditions.
Une proposition pour un système plus équitable
Le parlementaire valaisan évoque une alternative visant à préserver une certaine équité entre propriétaires et locataires : « Il serait envisageable d’établir une déduction sociale intégrée, tenant compte à la fois du loyer pour les locataires et de la valeur locative pour les propriétaires. Si cela implique une baisse des recettes fiscales, il faut rappeler que ces dernières ont augmenté ces dernières années, tout comme les dépenses des citoyens », argue-t-il.
Une réforme qui divise et suscite des préoccupations sociales
Selon Philippe Nantermod, la réforme pourrait entraîner la création de nouveaux impôts pour assurer l’équilibre financier des régions. Il critique une redistribution qui privilégie certains propriétaires au détriment d’autres, évoquant un « arbitrage malsain » entre ceux ayant déjà remboursé leur crédit hypothécaire et ceux encore endettés.
Une opposition entre générations et une menace pour la propriété
Il met en garde contre le risque que la réforme nuise à la solidarité entre générations : « Les retraités, qui sont souvent propriétaires et ont accumulé une part significative de la richesse du pays, pourraient être affectés par ces changements. Par ailleurs, ceux qui ont acheté leur logement récemment bénéficient actuellement de déductions sur les intérêts hypothécaires, qui pourraient être remis en question. »
Philippe Nantermod résume cette situation en affirmant que cette réforme pourrait « contribuer à fragiliser davantage la propriété immobilière, notamment pour la jeunesse souhaitant accéder à la propriété ».
Conclusion : un débat au cœur des enjeux fiscaux et sociaux en Suisse
Ce sujet soulève autant de questions sur la justice fiscale que sur la solidarité intergénérationnelle. La votation à venir déterminera si la suppression de la valeur locative sera adoptée, avec ses conséquences potentielles sur la répartition des charges et l’accès à la propriété, notamment pour les jeunes et les retraités.
Propos recueillis par Delphine Gendre/jop