Blösch au Schauspielhaus Zurich : adaptation théâtrale du roman bernois de Beat Sterchi et controverse locale
Contexte et origine de l’œuvre
Le nom Blösch désigne à la fois la vache centrale et le titre de la pièce adaptée du roman bernois de Beat Sterchi. Traduit en français par les éditions Zoé sous le titre « La vache », l’ouvrage est présenté comme une étude dense et documentée sur notre pays, ancrée dans le canton de Berne et considéré comme l’un des romans les plus durs décrivant la Suisse.
Une transposition théâtrale et ses choix
Le récit met en scène deux trajectoires: Ambrosio, Espagnol employé comme valet de ferme, évolue vers un rôle lié à l’abattoir; Blösch passe du statut de vache laitière à celui d’un animal destiné à l’abattage. Publié vers 1983, le roman déploie une atmosphère brute et sensorielle, mêlant fumier, sang et lait. Sur scène, la mise en scène promet une œuvre choc, mais certains critiques estiment qu’elle manque d’âpreté et d’aiguisement.
Langue et réception auprès du public non bernois
Écrit en allemand et adapté en bernois par Mike Muller, le texte est monté sans sous-titres au Schauspielhaus, ce qui peut limiter l’accès pour un public non bernois. L’adresse du théâtre se situe à la Rämistrasse 34, et l’entre-soi linguistique est perceptible dans cette production.
Approche scénique et choix esthétiques
Le metteur en scène bâlois Rafael Sanchez, co‑directeur du Schauspielhaus, transforme l’œuvre en une sorte d’opérette paysanne, avec chalet, yodel et costumes traditionnels. Blösch est incarnée par Mirjam Rast, qui interprète même une scène chantée en français, tandis que l’abattoir est suggéré par un décor fortement métaphorique et atténué. Pour certains spectateurs, cette tonalité tranche avec le propos initial et les tonalités réalistes du livre.
Contexte institutionnel et réactions du public
Le cadre du Schauspielhaus est également évoqué: l’ancien intendant, l’Allemand Nicolas Stemann, a été remercié en 2024 dans un climat de polémique autour du wokisme, alimentant les tensions entre partis bourgeois et une partie des abonnés historiques. Avec Blösch, l’institution semble privilégier une ligne plus rassurante et moins provocatrice, ce qui a été perçu par certains comme un choix de continuité plutôt qu’un tournant audacieux. À Zurich, l’accueil réservé au spectacle est interprété comme un retour à une certaine provincialité.
Note: 2/5
Thierry Sartoretti / olhor
Blösch, Schauspielhaus, Zurich, jusqu’au 3 décembre 2025.