Matricide chez les fourmis : une reine parasite manipule les ouvrières et prend le contrôle d’une colonie

Contexte et résultats principaux

Une étude publiée dans le journal Current Biology met en évidence des comportements matricides chez certaines fourmis, notamment chez Lasius Flavius. Dans ces colonies, des ouvrières manipulées par une reine étrangère tuent leur mère résidente. Une vidéo accompagnant l’étude illustre ces scènes saisissantes.

Mécanisme et dynamique dans la colonie

Selon les chercheurs, la reine parasite s’introduit dans une colonie en s’imprégnant de son odeur. « Les fourmis vivent dans un monde d’odeurs », rappelle Cleo Bertelsmeier, professeure associée au département d’écologie et évolution de l’Université de Lausanne. Une fois l’intégration opérée, la reine parasite asperge la reine résidente d’acide formique, ce qui pousse les ouvrières à s’en prendre à leur propre reine et à la démembrer progressivement sur plusieurs jours.

Conséquences sur la colonie et rôle des ouvrières

Lorsque la reine résidente est éliminée, la nouvelle reine prend le contrôle de la colonie et n’a pas à élever elle-même les larves. Selon Cleo Bertelsmeier, les ouvrières n’y gagnent pas forcément à tuer leur mère ni à élever une autre reine, illustrant la manipulation exercée par la reine parasite.

Perspectives et contexte plus large

Bien que le matricide soit rare, d’autres comportements cruels existent chez les fourmis, tels que le vol de larves entre colonies. À l’échelle du règne animal, l’infanticide est plus fréquent lorsque les parents éliminent parfois leurs petits pour assurer leur propre survie.

Portée et enjeux évolutifs

Cette étude, menée au Japon, apporte un éclairage nouveau sur la complexité des sociétés de fourmis, qui vont de petites colonies à des populations comptant des millions d’individus. Elle invite à réfléchir sur les dynamiques familiales et les stratégies évolutives dans ce groupe d’insectes.

Crédits : Sujet radio : Anne-Julie Ruz • Adaptation web : Laure Pagella