Le Conseil communal de Lausanne envisage un moratoire sur les courtes courses-poursuites policières face aux controverses

Les débats autour de la conduite policière à Lausanne s’intensifient au sein du Conseil communal

Suite aux événements récents mettant en cause la conduite de la police municipale, de multiples interventions de divers groupes politiques ont été enregistrées lors des sessions du Conseil communal de Lausanne. Malgré un appel au respect et à la constructive discussion lancé par le président, plusieurs échanges ont dégénéré en confrontations plus musclées, reflétant la sensibilité du sujet.

Des accusations croisées entre représentants politiques

Deux élus issus de la gauche, Louis Dana (PS) et Pierre Conscience (Ensemble à Gauche), se sont mutuellement reprochés leur inaction en 2019 lorsqu’ils faisaient partie de la Commission de gestion (Coges). À cette époque, une lanceuse d’alerte avait dénoncé des comportements discriminatoires au sein de l’Académie de police de Savatan, ce qui alimente aujourd’hui les débats sur la transparence et la responsabilité.

Les enjeux liés à la gestion des médias et des témoins

Selon une enquête conduite par La Matinale et le Journal du Dimanche, des témoignages et des photographies compromettantes ont été recueillis concernant des dérives policières à Lausanne. Ces éléments, représentant seize témoignages et deux images, auraient attesté d’incidents problématiques. Toutefois, la Municipalité a contesté la réception de ces preuves, affirmant n’avoir été informée ni de leur contenu ni de leur existence, notamment concernant une photo qualifiée de “du pouce levé”.

Une division importante parmi les formations politiques

Les propositions annoncées par la Municipalité pour faire face aux polémiques estivales ne recueillent pas l’unanimité. Alors que le PS voit dans ces mesures une étape vers un changement nécessaire, le PLR critique harshly l’emploi du terme “racisme systémique”, le jugeant potentiellement nuisible à l’image des forces de l’ordre. De leur côté, l’UDC considère que les mesures restent trop vagues, même si certains groupes saluent l’intention d’améliorer la formation policière. Le Vert’libéral insiste également sur la nécessité d’une enquête approfondie pour définir les actions à entreprendre, tout en donnant les moyens à la police d’exercer ses missions.

Un moratoire proposé sur les pratiques de police controversées

Au terme de plusieurs heures de débat, la majorité de l’assemblée a adopté plusieurs résolutions, notamment le transfert de deux enquêtes policières vers d’autres cantons. En revanche, une proposition du groupe Ensemble à Gauche visant à interdire totalement les courses-poursuites en cas de délits mineurs a été rejetée.

Une large majorité a également soutenu un texte du PS demandant un moratoire temporaire sur les pratiques policières ayant conduit à des décès, telles que les courses-poursuites, en attendant les résultats d’une étude scientifique indépendante. Selon Audrey Petoud, auteure de cette initiative, il s’agit d’interroger sans embargo les méthodes employées, notamment les techniques entraînant la mort de personnes comme Marvin ou Camilla, ainsi que d’autres incidents impliquant des plaquages ventraux.

Une démarche non contraignante mais significative

Ce moratoire, bien qu’étant simplement une recommandation, marque la volonté du Conseil communal de faire pression sur la Municipalité afin d’engager des réflexions sur ces pratiques. Si l’union semble se dégager sur le besoin de réforme policière, les méthodes et moyens concrets de mise en œuvre restent sujets à divergence entre les différents partis politiques.

Débats et perspectives : quelles directions pour la police lausannoise ?

Le sujet des courses-poursuites policières continue de nourrir le débat public, avec des discussions animées telles que le forum diffusé récemment entre Yusuf Yulmiye et Marlène Bérard. La volonté commune de réformer la police doit encore faire face à des divergences quant aux stratégies à adopter, mais l’attachement à une approche plus transparente et responsable semble partagé.