Robert Badinter, père de l’abolition de la peine de mort, entre au Panthéon
Robert Badinter entre au Panthéon: un symbole fort de l’État de droit
Le cercueil portant le nom de Robert Badinter est entré au Panthéon lors d’une cérémonie marquée par les références à la lumière et aux principes de l’État de droit, selon les propos du président Emmanuel Macron lors de la célébration du 9 octobre, date symbolique de l’adoption en 1981 de la loi abolissant la peine de mort.
Le Panthéon accueille désormais une figure majeure de l’histoire française, présentée comme porteuse des combats pour l’abolition universelle de la peine de mort et pour la lutte contre l’antisémitisme et les discours de haine, ainsi que pour la défense de l’État de droit, selon les mots du chef de l’État.
Dans son allocution, Emmanuel Macron a assuré vouloir poursuivre ce combat jusqu’à l’abolition universelle.
Vandalisme et réaction des autorités
Avant le transfert du cercueil au Panthéon, des tags pro‑peine de mort ont été relevés sur la tombe de l’ancien ministre à Bagneux, dans le cimetière parisien, selon une information communiquée par la mairie. Les inscriptions, peintes en bleu sur la pierre, évoquaient l’engagement de Badinter contre la peine de mort et le soutien à la dépénalisation de l’homosexualité.
Selon une source policière, les inscriptions portaient la phrase: Demain, la justice française ne sera plus une justice qui tue. La tombe a été nettoyée rapidement. À propos de cet acte, Emmanuel Macron a réagi sur X, condamnant ces actes et saluant Badinter.
Procession et mise en caveau
Prévue de longue date, cette cinquième panthéonisation sous la présidence actuelle survient dans un contexte politique complexe. À 17 heures, le cercueil portant le nom de Badinter, décédé en février 2024 à l’âge de 95 ans, a été transporté vers l’ancienne église du centre de Paris pour une cérémonie d’environ une heure.
Déroulement et signification
Le cortège a remonté la rue Soufflot et le cercueil a été accueilli dans la nef du Panthéon par le président, puis installé dans le caveau des révolutionnaires de 1789, où reposent Condorcet, l’abbé Grégoire et Gaspard Monge.
La cérémonie a mis en avant le combat pour la justice et l’État de droit, et l’abolition de la peine de mort, présentée comme un jalon civilisateur de l’histoire de la justice française.
Lectures et hommages
Plusieurs textes ont été lus, dont des plaidoiries de Badinter et un extrait de Victor Hugo lu par le comédien Guillaume Gallienne, choisi par Elisabeth Badinter, veuve du juriste.
La tribune d’origine, prononcée par Badinter lors de son passage au gouvernement, et l’appel d’abolition présenté à l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981 ont été évoqués. La phrase emblématique de l’époque — Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue — a été reprise dans les hommages.
La cérémonie s’est conclue par une prestation de Julien Clerc, interprétant L’assassin assassiné, chanson écrite en 1980 pour soutenir la démarche abolitionniste.