Ce que peut un cœur : enquête littéraire sur un corps étranger racontée par Julien Burri
Contexte et tradition genevoise
À Genève, une pratique ancienne s’est transmise dans les ateliers des Beaux-Arts : durant certaines séances, il arrivait que des cadavres soient dessinés par les jeunes artistes, une expérience qui pouvait marquer durablement ceux qui y participaient. Claudia Renna figure parmi les témoins de ces observations, où le corps d’un jeune homme, sorti du formol, servait de modèle.
La rencontre entre l’artiste et le romancier s’est produite lorsque cette même artiste a confié à Julien Burri l’existence de croquis réalisés il y a plusieurs décennies et a promis de les montrer.
CORPS-À-CORPS
Cette ouverture se transforme en une investigation narrative qui cherche à comprendre s’il est possible d’établir un dialogue entre deux corps. Le livre est présenté comme une enquête fragmentée associant mémoire familiale, leçons d’anatomie et fiction, afin de recomposer le destin et peut-être l’âme d’un corps inconnu.
Le rôle de l’écriture
Pour Burri, l’écriture permet d’appréhender le monde, le corps, la mort et l’absence ; le processus littéraire devient lui-même un sujet qui mène le récit vers des directions inattendues.
Une approche guidée par l’observation du corps
Avec le soutien de Vincent Barras, médecin et historien, l’auteur participe à des séances d’anatomie et, sur les traces de l’expérience, est amené à toucher, au moins dans son esprit, la peau et les organes d’un mort présenté par les encadrements de l’étude.
Récit intime et images du corps
Le texte fait émerger des réminiscences personnelles — zona, tremblements — et une expérience de « décorporation » évoquée comme mémoire intime. Il convoque aussi des images issues de l’histoire de l’art, de Rembrandt à Hodler, qui nourrissent l’imaginaire du lecteur.
Structure et tonalité
Écrit comme un journal intime et organisé par dates, l’ouvrage explore les difficultés d’écrire sur un corps étranger et le sentiment d’illégitimité qu’il faut surmonter. La narration affiche une fluidité de pensée et une pudeur émue, considérées comme des qualités marquantes du livre.
Nicolas Julliard/olhor ont présenté l’ouvrage, publié par La Veilleuse en août 2025.
Pour les amateurs de lecture, l’article suggère de s’abonner à QWERTZ afin de recevoir chaque semaine l’actualité du livre et les contenus culturels de RTS Culture.